Notre mission

Le chemin des trois tours est le premier aménagé par la SCIRBI. Celui-ci permet aux visiteurs de découvrir la Commune de Berthier. Quelle est son origine?

La Commune de Berthier, un pâturage communal situé sur l’île du même nom, fut utilisée par les censitaires du seigneur Alexandre de Berthier à partir de 1683 comme le confirment des actes notariés de l'époque entre le seigneur et ses censitaires. Les droits de commune étaient alors concédés à des fonds de terre cultivés et exploités par les colons et les censitaires. Un droit de commune devenait, en quelque sorte, un accessoire au fonds de terre concédé par le seigneur, permettant le pâturage pour les animaux sur l’île de la Commune.

La Commune de Berthier a su préserver sa vocation de pâturage depuis plus de 340 ans. Aujourd’hui, la commune est gérée par la corporation des Président et syndics de la Commune de Berthier. Il s’agit d’une personne morale de droit privé qui voit à la gestion, à la préservation, à l’entretien et à l’administration de ce bien indivisible et collectif.

Le secrétaire de la Commune de Berthier, Me Louis-Victor Sylvestre, fut un des tout premiers administrateurs de la SCIRBI. Il a joué un rôle central dans les démarches qui menèrent, en 1986, à la construction du chemin des trois tours sur l’île de la Commune et dont la SCIRBI est responsable de l’entretien.

Des citoyens se réunissent à Berthierville pour former un conseil d’administration provisoire de trois membres : M. Paul-Émile Lavallée, président; Mme Desneiges Perreault, vice-présidente et Me Louis-Victor Sylvestre, secrétaire. La municipalité de Sainte-Geneviève-de-Berthier permet à la SCIRBI de prendre son envol en lui versant une subvention de départ de 5000 $.

L’inspecteur général des institutions financières, sous l’autorité de la Loi sur les compagnies, accorde à la SCIRBI ses lettres patentes, de ce fait constituant officiellement la corporation sous la dénomination sociale de Société de conservation, d’interprétation et de recherche de Berthier et ses îles.

Le premier conseil d’administration officiel y est élu, remplaçant le conseil provisoire créé un an plus tôt. Paul-Émile Lavallée, alors maire de Sainte-Geneviève-de-Berthier, occupe la première présidence de l’organisme. Lors de la rencontre, l’ingénieur forestier Pierre Daviault présente une étude sur le sentier piétonnier et les tours d’observation des oiseaux. À l'origine, on prévoyait que l’accès au sentier se ferait par l’eau, à partir du centre-ville de Berthier. L’étude évalue également la possibilité de construire des sentiers sur la Commune de l’île Dupas et sur l’île du Mitan et propose de rénover un édifice de Berthierville pour en faire un centre de la nature.

Ces fonds s’ajoutent au montant de 150 000 $ octroyé par la COLASP (Corporation de mise en valeur du lac Saint-Pierre) et serviront à aménager un sentier d’interprétation de la nature le long du marais central de la Commune de Berthier ainsi qu’à reboiser la rive nord de l’île de la Commune sur une longueur de 4,5 km. Pour la construction du sentier, 27 ex-employés de la Melcher’s ayant écoulé leurs prestations d’assurance-chômage sont embauchés.

Les travaux commencent l’automne même. Le sentier, d’une longueur de plus de 2 km et d’une largeur de 1,5 m, comprend trois tours d’observation (la première de 10 m et les deux suivantes de 4 m) ainsi que des panneaux camouflant les utilisateurs pour assurer plus de tranquillité à la faune.

Canards Illimités Canada présente un premier plan d’aménagement du territoire qui vise à augmenter la productivité faunique des marais. Celui-ci comprend la construction de trois digues, de quatre structures de contrôle de l’eau et d’une passe migratoire à poissons. Ces aménagements fauniques ne sont cependant jamais réalisés. La SCIRBI et ses partenaires ont renoncé à la construction de structures de retenue des eaux qui demandent de l’entretien et qui modifient la topographie du site et par conséquent ses paysages. Un désir de maintenir une connectivité hydrique naturelle entre le fleuve et les milieux humides du site s’est aussi manifesté dans les années 2010 (voir Réensauvagement du littoral des îles aux Castors et du Mitan).

L’acquisition des 165 ha de l’île du Milieu (du Mitan) a été rendue possible grâce à une contribution financière du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche du Québec (200 000 $), d’Habitats fauniques Canada (100 000 $) et de Canards Illimités Canada (61 250 $). Le contrat entre les vendeurs, Stéphane et Paul Denis, et la SCIRBI a été signé au bureau du notaire Richard Giroux. 

En devenant propriétaire, la SCIRBI s’est engagée avec Canards Illimités à aménager le marais de la Commune de Berthier. Des ouvrages de contrôle du niveau des eaux permettront d’améliorer la productivité du marais. Ceci aura des conséquences positives autant sur la faune que sur la qualité de l’observation qu’on pourra faire le long du sentier. 

- Paul-Émile Lavallée, président, SCIRBI 

Propos rapportés dans un article du journal L’Écho de Berthier, édition du mercredi 28 septembre 1988.

Ce n’est que cinq ans après la fin des travaux de construction que le sentier d’interprétation de la nature de la Commune de Berthier (aujourd’hui connu sous le nom du chemin des trois tours) est officiellement inauguré. Le 13 juin 1992, une cérémonie d’ouverture au cours de laquelle un ruban est coupé est tenue en présence de Paul-Émile Lavallée, président de la SCIRBI, Maurice Désy, maire de l’île Dupas, Fernand Giroux, maire de Berthierville et des députés Robert De Cotret et Albert Houde.

Dans l'intervalle entre la construction et l'inauguration du sentier, des panneaux d’interprétation ont été installés tout au long de celui-ci. En 1992, un guide du visiteur et un calendrier d’observation des oiseaux sont mis à la disposition des marcheurs. Ceux-ci peuvent d’ailleurs effectuer une visite avec un guide-naturaliste.

Le SCIRBI a acheté de M. Gustave Hérard, par acte notarié et au coût de 203 000 $, la partie de l’île aux Castors située entre l’île du Mitan et la route 158 et totalisant 100 hectares. Le dossier cheminait depuis cinq ans. La transaction consolide la propriété de la SCIRBI dans le secteur, portant le total des superficies en conservation à 265 hectares. Les fonds ayant permis la transaction proviennent de la Fondation de la faune du Québec.

L’objectif est aussi d’y construire des aménagements fauniques de concert avec Canards Illimités Canada. On estime alors que les travaux pourraient débuter en 1994. Rappelons l'ajout de structures de retenue des eaux n'aura jamais lieu et que la SCIRBI a plutôt choisi de renaturaliser le territoire sans en modifier la topographie. 

L'ajout du chemin du barrage, d’une longueur de 3 km, porte le total à 9,7 km de sentiers pédestres sur le territoire. Le nouveau sentier, accessible grâce à une passerelle flottante, traverse l'île aux Castors puis longe en partie le chenal aux Castors, et ce, jusqu’au barrage (réversoir) dont la construction fut achevée en 1931. En parallèle, 15 nouveaux panneaux d’interprétation sont installés en bordure des sentiers.

La SCIRBI a aménagé, en ordre chronologique, le chemin des trois tours (1986), le sentier des marécages (entre 1995 et 2005, date à préciser) et le chemin du barrage (2009).

La voie migratoire, dont les travaux d’installation se sont déroulés du 23 au 25 novembre 2009, connecte le chenal du Nord et le grand marais, c’est-à-dire le marais mitoyen des îles de la Commune, aux Castors et du Mitan. Elle permet de :

• Maintenir l’accessibilité du grand marais pour les poissons en avril-mai, lors de la crue printanière;
• Augmenter la durée de l’inondation du grand marais et sa superficie.

La voie d’accès naturelle des poissons vers le grand marais, où ils se rendent au printemps pour frayer, a été coupée par l’installation, en 1982, d’un ponceau trop étroit et placé trop haut sous la route 158. La passe migratoire a été aménagée dans un canal artificiel reliant le chenal du Nord, qui coule en face de Berthierville, et le grand marais. Grâce à celle-ci, les poissons ont de nouveau accès à un habitat de 55 hectares pour la fraie. La passe migratoire joue également le rôle de structure de retenue des eaux (cote de 5,0 m), ce qui prolonge la durée de la crue printanière et permet ainsi aux alevins de se développer avant que l'eau ne se retire.

L’enseigne, qui est toujours en place, met en vedette le goglu des prés, alors que la bécassine de Wilson agrémentait les versions antérieures de l’enseigne d’entrée. La bécassine se retrouvait aussi sur le premier logo de la SCIRBI.

Le goglu des prés est une espèce menacée dont la population québécoise a subi un déclin de 89 % entre 1970 et 2017. Cette espèce est abondante sur les îles de la Commune, aux Castors et du Mitan en raison de la présence de son habitat de reproduction : les cultures de foin et les pâturages (ceux-ci se substituent dans l'est aux prairies à herbes hautes du centre du continent). L'oiseau symbolise bien la biodiversité des milieux anthropiques et son abondance sur le territoire reflète l’équilibre entre les milieux anthropiques et naturels qui s’est établi au fil des siècles.

Le 22 mai 2018, des bandes de terres cultivées très près des milieux humides et recouvertes d’eau chaque printemps ont été délimitées et retirées des zones cultivables. Le 9 décembre de la même année, deux anciens ponceaux agricoles qui entravaient la libre circulation du poisson entre le fleuve Saint-Laurent et les milieux humides de l’île aux Castors ont été retirés. Ces travaux marquaient les premières étapes d’un vaste projet de réensauvagement, ou renaturalisation, des îles aux Castors et du Mitan.

Le projet avait pour but le retrait graduel de l’agriculture dans le littoral des îles aux Castors et du Mitan et sa renaturalisation. La superficie à renaturaliser totalisait 102 hectares. L'objectif des travaux d'aménagement : la création d’habitats de fraie pour le poisson et de nidification pour la sauvagine et les oiseaux champêtres en péril. Les aménagements ont été réalisés entre 2019 et 2022 et comprennent 72 ha de prairies humides naturelles, 20 ha de marécages arborescents et 10 ha de marécages arbustifs. Ce vaste chantier a requis l’ensemencement de 11 159 kilos de semences de plantes herbacées et la plantation de 30 878 arbres et arbustes.

Grâce à ce projet, les îles aux Castors et du Mitan abritent à nouveau de grands espaces sauvages foisonnant de biodiversité et propices à l’émerveillement que la population utilisera, nous l’espérons, pour se ressourcer physiquement et mentalement.

La Fondation de la Faune du Québec, Environnement et Changement climatique Canada, le Gouvernement du Québec et la MRC de D’Autray ont contribué au financement de ce projet dont l'enveloppe globale était de 575 000 $.

La dernière récolte du maïs-grain, laquelle s’est terminée au cours de la fin de semaine froide mais ensoleillée du 24 et 25 octobre 2020, a marqué la fin des cultures annuelles sur le territoire et l’aboutissement d’une collaboration fructueuse ayant duré trois décennies avec la Ferme Bayonne.

L’entreprise qui louait près de 170 hectares de terres appartenant à la SCIRBI depuis 1991 était aussi son principal partenaire financier.

C’est en grande partie grâce à la Ferme Bayonne que l’organisme a pu prodiguer ses services et offrir un accès gratuit à ses sentiers à la population berthelaise et des alentours pendant un aussi grand nombre d’années.

- Jean Castonguay, président de la SCIRBI

Dès le printemps suivant (2021), des cultures pérennes ont été implantées sur les terres agricoles dans le but de créer des habitats pour la faune. Le foin n’y est fauché qu’après la période de nidification des oiseaux, soit à partir du 1^er août de chaque année. Ces cultures fournissent aussi un habitat de fraie pour le poisson lors de la crue printanière.

Les îles de la Commune, du Mitan et la partie ouest de l'île aux Castors possèdent un patrimoine naturel et agricole remarquable, témoin d'une interrelation durable et harmonieuse entre l'Homme et la nature qui favorise la présence d'une riche biodiversité.

Le projet de reconnaissance des trois îles en tant que Paysage humanisé s'inscrit dans les efforts des acteurs du territoire et de la collectivité de la MRC de D'Autray à faire connaître la richesse de ce patrimoine collectif, à le valoriser et à le protéger au bénéfice de tous.

C'est pourquoi une demande de reconnaissance de Paysage humanisé, une aire protégée de catégorie 5, a été déposée le 19 mai 2022 à la Direction des aires protégées du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

Le document de demande et une présentation du projet peuvent être consultés ci-dessous.

Les lettres patentes supplémentaires ont été commandées par la SCIRBI afin de mettre à jour les lettres patentes originales qui ont été rédigées alors que l’organisme ne possédait pas de propriétés foncières vouées à la conservation. La mise à jour permet, d’une part, de placer le mandat de protection de l’environnement et des milieux de vie au cœur de la raison d’être de l’organisme et, d’autre part, de préciser la nature des activités d’utilisation durable des ressources naturelles sur le territoire, comme la récolte de foin. 

Le dossier de candidature des îles aux Castors et du Mitan a été transmis à la direction des aires protégées du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. La désignation permettrait de protéger les îles à perpétuité et de créer la réserve naturelle des Îles de Berthier. Plus stricte que le statut de Paysage humanisé, elle s'appliquerait aux îles aux Castors et du Mitan seulement. 

Pour la première fois de son histoire, la SCIRBI est contrainte d'instaurer une tarification pour l'accès à son territoire. Pendant près de 30 ans, la SCIRBI a su autofinancer ses activités grâce à la location de ses terres agricoles. Entre 2019 et 2022, l’organisme a cessé les activités agricoles sur son territoire afin de le renaturaliser, ce qui a permis le retour de plusieurs espèces animales et végétales.

L’arrêt des activités agricoles, c’est aussi la perte de 85 % des revenus de l’organisme. La SCIRBI compte donc dorénavant sur le soutien et la collaboration de ses utilisateurs et utilisatrices pour assurer la pérennité de ses sentiers.

Le dossier de candidature de l'île aux Cochons, une propriété de 19,37 ha située dans le chenal aux Castors et appartenant à Canards Illimités Canada, a été transmis à la direction des aires protégées du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. L'aire protégée permettrait l'ajout d'un deuxième secteur à la Réserve naturelle des îles de Berthier, soit celui de l'île aux Cochons.